Édito

Une fenêtre ouverte

Cet été, un millier de jeunes se réuniront pour la 5e édition du rassemblement de notre Église « Le Grand Kiff », autour du thème : « Respire, espère ! » Et pourtant le monde ne nous laisse pas beaucoup le temps de respirer, dans le chaos des drames qui roulent sur nos écrans. Au-delà de bien des considérations essentielles pour notre survie, la menace du changement climatique vient frapper de plein fouet notre rapport au Vivant, en particulier à la Terre qui est notre environnement, à la Création de Dieu dont nous voyons une manifestation dans l’univers qui nous entoure. Et par capillarité, cela bouleverse aussi nos conceptions éthiques du rapport au bien commun, notre regard de foi sur les relations que les êtres humains entretiennent les uns avec les autres, ou détruisent les uns contre les autres.

 

Je suis surpris qu’aussi bien dans le domaine de l’écologie que dans celui de la foi, on parle d’une nécessaire conversion… Le mot fait peur : on se met à cogiter, à calculer tout ce qu’on croit devoir abandonner, on imagine devoir renoncer à tout, à ce qu’on est, à ce qu’on aime, à ce qui nous fait plaisir, pour un vaste champ inconnu d’austérité et de servitude. C’est là tout l’inverse du témoignage de l’Évangile. Il ne peut pas y avoir de conversion sans espérance, ou alors il faut appeler ça autrement : coercition, abnégation, sacrifice… Non, la conversion qui est nécessaire pour nous tourner vers la Vie, elle n’exige pas de faire table rase de tout, ce n’est pas un monstre qui va se mettre à dévorer tout ce qui fait le relief de nos vies, pour fabriquer des robots obéissants et aseptisés. C’est tout l’inverse : la conversion ouvre un chemin dans nos impasses pour que notre identité ne soit pas engloutie avec nos échecs, nos déchirures, mais au contraire qu’elle puisse être pleinement renouvelée et conduite en sûreté. Ce n’est pas magique, et surtout cela exige que nous engagions non seulement le premier geste, mais aussi bon nombre de pas encore sur la route qui s’ouvre. Mais lorsque la mort rôde et voudrait tout ensevelir, c’est un chemin de Vie qui nous est offert.

 

ll y a là pour la communauté rassemblée une occasion de mesurer à quel point sa vie propre manifeste déjà quelque chose de l’Église qui advient dans le projet de Dieu. Une Église sans frontière, dont les membres signent leur adhésion autrement qu’avec des passeports ou des certificats d’authenticité. C’est bien plutôt la fidélité ici, qui marque l’appartenance à l’Église : fidélité dans la continuité du temps, fidélité à travers les rencontres et les rendez-vous donnés, fidélité partagée dans la transmission et le témoignage auprès des plus jeunes, fidélité envers nous-mêmes aussi et la quête de sens qui nous anime… Fidélité de Dieu enfin, comme un immense parasol déployé sur nos après-midis ensoleillés, englobant tout à la fois nos arrivées et nos départs, nos débuts laborieux et nos horizons d’espérance, nos lointains et nos proches. Que le Seigneur bénisse l’Église aux contours mouvants, capable de faire écho à toute la diversité qui frappe à sa porte !

 

 

Pasteur Geoffroy Perrin-Willm

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